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Atelier 105, en résidence / March 9, 2015

DES JEUX DONT J’IGNORE LES RÈGLES DE BORIS ACHOUR

Cet ensemble de 6 films s’inscrit dans le projet intitulé Des jeux dont j’ignore les règles. Ce projet,débuté il y a plus d’un an de cela, développe certaines des recherches initiées dans des travaux antérieurs tels que Séances (2012) ou Jouer avec des choses mortes (2003), notamment les relations entre des éléments existant comme sculptures dans l’espace d’exposition mais également et simultanément comme accessoires manipulés par des acteurs dans l’espace filmique. Chacun des sept films, d’une durée comprise entre cinq et neuf minutes, est un film autonome destiné à être présenté simultanément avec le jeu/sculpture qu’il met en scène.

La notion de jeu m’intéresse et m’importe parce que le jeu, le fait de jouer, est sa propre raison d’être, sa propre nécessité. Parce que le jeu, comme l’art, est sans pourquoi, qu’il est sa propre fin et sa propre explication.
Un autre aspect qui m’importe est celui du rapport dialectique et temporel qui existe entre les sculptures et les films : les jeux/sculptures ne sont en aucun cas destinés à être activés par le public et il ne s’agit en aucune manière d’un art participatif. C’est uniquement dans les films que l’on peut voir des personnes manipuler ces sculptures, y jouer, même si les règles qui régissent les déplacements des pièces et les buts à atteindre restent énigmatiques. Cette tension entre l’état «au repos» des sculptures et leur état «activé» dans les films affirme pour moi ceci : l’art n’est pas plus dans le passé de la représentation du jeu (le film) qu’il n’est dans le présent de l’objet exposé (la sculpture). L’art est dans l’articulation de ces deux moments, de ces deux états, de ces deux conceptions mort/vivant, actif/au repos, passé/présent, agissant/muséifié. Il s’agit donc d’une manière de dépasser ces antagonismes et ces apparentes contradictions et d’attirer l’attention du spectateur sur sa part active dans son rapport à l’œuvre.

Les joueurs ne sont pas en train de manipuler des œuvres d’art mais bel et bien de jouer à un jeu qui leur est familier. Ces films ne sont donc pas des enregistrements de performances mais des fictions autour d’un jeu dont la nature, les buts et les règles nous restent étrangers. Chaque film possède ses qualités plastiques propres, son esthétique, son ambiance, un type de montage et de rapport au son différent.

Plus d'informations : http://borisachour.net/