de Lukas MARXT
2014 / Vidéo / couleur / sonore / 1E / 30' 00 |
Le film de Lukas Marxt est tourné dans l’obscurité du paysage. Ce que l’on voit, c’est un plan fixe de 30 minutes, envahi par le silence : des usines éclairées à l’horizon, et tout autour, le noir tendu et large comme une toile. Le cycle du soleil commande à la dramaturgie du film. On assiste à un lever de soleil, et peu après, au début d’une éclipse solaire, en temps réel, filmée au-dessus des mines d’uranium de Ranger, en Australie. Tandis que l’image prend son temps pour s’éclaircir, le spectateur est plongé dans un état de vide ramassé et d’attente. C’est dans ce double mouvement d’émergence, lever de soleil et genèse d’une image, que réside la catégorie de la permanence. Après quelque temps, la rougeur de l’aube peut être distinguée à l’horizon. La vue s’ouvre lentement sur un immense cratère, creusé dans le sol, et qui, quelques minutes plus tard, sombre à nouveau dans l’obscurité. Au moment où le soleil dévoile le paysage, après une brève hésitation, le film s’arrête.
‘Double Dawn’ étire sa réflexion formelle entre deux positions élémentaires. Entre l’espace plongé dans le noir, et les lueurs de l’aube ; entre réalité et fiction. Car dans l’image du double lever de soleil, notable sur les sédiment muets des éléments radioactifs, la mise en scène post-apocalyptique se forme. La mine, comme une blessure ouverte dans la terre, n’appelle que trop l’association avec le désastre – météorite ou catastrophe nucléaire. Seul le son rappelle le spectateur à la réalité. Ce sont les bruits des alentours : des criquets, le chant d’un oiseau, mais aussi le compteur Geiger et les pas du cinéaste au loin. Il en résulte une image cristalline dans laquelle se met à briller la relation claire entre l’installation réelle et la fiction.
Marxt suscite le paradoxe d’un grand respect serein pour le spectateur ignorant – un jeu étrange entre le concret et l’indéterminé. Subtile et patient, au-delà de l’agitation médiatique habituelle et dans un geste généreux, l’événement cosmique est porté, dans une image tournée vers les profondeurs de la terre plutôt que vers les cieux. Réalisme sensuel et surréalisme se heurtent ici dans un spectacle naturel comme s’il était de magie anarchique. (Shilla Strelka)
format de distribution | DCP sur clé USB (PAL) |
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cadre de projection | 16/9 (simple écran) |
vitesse de projection | 25 ips |
son | son |
prix de location | 126,00 € |
format de distribution | Fichier sur serveur (PAL) |
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cadre de projection | 16/9 (simple écran) |
vitesse de projection | 25 ips |
son | son |
prix de location | 126,00 € |