THE

de Dieter KOVACIC & Billy ROISZ
2015 / couleur / sonore / 1E / 13' 00

L’angoisse, à la différence de la peur, ne répond à aucun « de quoi » ; son objet est un vide : ‘THE’, en grandes lettres rouges, et le cri d’un corbeau sur un fond orageux. ‘THE’, ‘Le’ ou ‘La’ : Le ou La quoi ? La Chose, L’Anneau, La Chute, L’Exorcisme, ou simplement, L’Organisateur de Mariages ?

Non. ‘THE’ échoue à remplir le vide, et pendant treize minutes, à aucun moment n’autorise le spectateur et l’œuvre à se rejoindre, à faire le lien qui permettrait de respirer. Le vide est laissé ouvert, palpable, comme un lieu de tension, d’indécidabilité, d’inachèvement – entre l’abstrait (les faisceaux colorés instables et tremblants de Roisz) et le concret (l’éclat d’un volet, le chant d’oiseaux), entre les surfaces de granite et le rouge feu de l’abîme, entre la candeur des chansons enfantines et les sons mécaniques et vrais des films d’horreur, voguant en liberté dans une dialectique venue de l’ « étrangeté » freudienne.

Dans la deuxième partie, la peur vague de l’esprit devient action concrète de la terreur sur le corps. La forme abstraite se change en une surface solide, viscérale, qui ondule et ploie, glisse, et enfin se déchire. L’image elle-même projette des masses flottantes, devient un masque d’ombre qui, à son tour, tâche de les repousser, puis commence à pulser rythmiquement, et, comme un corps, à respirer et à crier. ‘THE’ est un travail impressionnant sur la portée psychique et tactile de l’expérience abstraite, un abaissement – et plus encore – un abreuvement impertinent et continu en blessures physiques, et la mise en scène la moins délicate d’images pornographiques de torture au cœur de l’audiovisuel : « Le Médium est le Massage ». (Alejandro Bachmann – traduction anglaise : Lisa Rosenblatt)


‘THE’ est un film expérimental sur les films d’horreur, comprenant à la fois des images « réelles » et des créations numériques et analogiques. Aucun acteur humain, mais une histoire claire. L’écran lui-même, pensé comme un corps et sa membrane, est attaqué par des forces cachées venant de l’extérieur aussi bien que de « sous la peau ». Le « suspense » et le « choc » jouent, bien sûr, un rôle central sur les plans visuel et sonore qui, dans les films d’horreur, ont toujours autant d’importance l’un que l’autre. (B.R. & D.K.)


Des nuages traversent le ciel. Un grondement sombre. Un corbeau coasse. Une mélodie. Des augures planent dans l’air, qui annoncent l’inattendu. L’œuvre de Billy Roisz et Dieter Kovacic explorent les structures et les mécanismes de la terreur à l’œuvre dans les films d’horreur. En questionnant nos habitudes de regard et d’écoute, ils transforment l’écran en une membrane fragile entre le regardeur et ce qui est vu et investissent l’espace entre le dedans et le dehors. Les surfaces révoquent tout effort de corrélation ; les grilles alternent avec les bandes et les points, et avec le supposé matériel. Les limites de l’abstrait et du concret sont suspendues. Évaluer l’espace au nom de l’orientation est impossible. Quelquefois l’opportunité de comprendre, de s’orienter, émerge une fraction de seconde – mais pour disparaître aussitôt. Vertige. Ce nouveau travail des réalisateurs Billy Roisz et Dieter Kovacic intervient 14 ans après leur première collaboration. (Catalogue du Festival du Film de Berlin 2015)

1 COPIE EN DISTRIBUTION


format de distribution Fichier sur serveur (FHD)
cadre de projection 4/3 (simple écran)
vitesse de projection 24 ips
son son
prix de location 55,00 €