de Chris WELSBY
2015 / DVCAM / couleur / sonore / 1E / 37' 00 |
Lieux : ruines de l’hôtel Bahia de Tenicatita, La Manzanilla, Jalisco, Mexique.
« La seule chose constante est le changement » – Héraclite (530-470 av. JC)
Contrairement à la croyance populaire, les intrigues politiques, la violence et la corruption qui ont entouré l’hôtel Behia de Tenicatita et sa destruction n’est pas du tout limitée au Mexique. Ne pourrait-on pas soutenir que toute ville, dans tout pays, est née du conflit humain ? Certainement, il y a peu de place au doute quant au fait que, par le fruit de la main humaine ou par la force de la nature, toute ville devra un jour partager le destin de cet hôtel mexicain, jadis grandiose.
Le travail de réalisation, comme le bâtiment de l’hôtel, est instable et fragmentaire. Prise par prise, nous sommes les témoins du passage du temps à mesure que la caméra survole et glisse de manière erratique parmi les ruines. Les ruines de béton semblent vraiment statiques, vues depuis la plage adjacente, mais en s’approchant, la caméra crée une impression radicalement différente du temps qui passe. Dans la lumière d’une fin d’après-midi, on peut voir les ombres ramper rapidement sur le sol fracturé, où les scorpions et les geckos s’agitent au milieu des débris. Le regard se déplace sans cesse, comme en recherche de quelque chose d’important. Texture et détails émergent des teintes pastelles tourbillonnantes de la lumière et de l’ombre. Parfois, un détail d’architecture se matérialise à la surface de l’écran, d’autres fois ce sont les couleurs vives et autoritaires d’un graffiti qui sortent du chaos, comme pour défier le temps.
Par les passages rapides de la caméra et le montage heurté, les contours durs et les couleurs assertives des tags de gangs, ainsi que les moins formelles déclarations d’amour et de mort, sont prises dans le même courant de pixels dansants, le même flux d’images rapide et changeant.
Dans ‘Momentum’ la faillibilité des aspirations humaines et, en comparaison, la fiabilité du béton, sont montrées l’une et l’autre comme faisant partie d’une rivière de couleur et de lumière en mutation permanente. Ainsi, la solidité massive et monumentale et des ruines de béton sont vues comme aussi fragiles et ténues que les vies à la fois de ceux qui les avaient construites, et de ceux qui depuis ont inscrit leur identité sur les murs croulants.
Bien que l’on puisse trouver de la consolation dans l’idée que le monde autour de nous est majoritairement stable, fait seulement de perturbations occasionnelles, pour la fabrique de nos réalités personnelles, il est probablement plus réaliste de comprendre, comme Héraclite il y a plus de deux mille ans, que les poches de stabilité sont en fait inhabituelles et temporaires, et que la seule constance est dans le changement continu.
Chris Welsby, août 2015
format de distribution | Blu-Ray |
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cadre de projection | 16/9 (simple écran) |
vitesse de projection | 29,976 ips |
son | son |
prix de location | 123,00 € |