En 1906, les frères australiens John and Nevin Tait réalisent le tout premier long-métrage de fiction de l’histoire du cinéma « The Story Of The Kelly Gang ». Le film raconte l’histoire de Ned Kelly, le dernier « bushranger » australien, sorte de bandit de grand chemin du 19ème siècle devenu depuis une icône populaire.
Après sa sortie, les frères Tait ont ensuite ajouté des séquences au film, en filmant de nouveaux plans et en les rattachant à l’existant, de manière à inciter les spectateurs à venir le revoir. Quand le film sort, sa longueur originale est de 4000 pieds. Après quelques années, il fait 6000 pieds de long. Le négatif du film a disparu mais en 1981, deux garçons qui jouaient dans une décharge à Melbourne retrouvent quelques plans du film, en états de décomposition.
Depuis on a retrouvé quelques autres plans et on a pu reconstituer l’histoire du film approximativement. Quand j’ai découvert The Story Of The Kelly Gang pour la première fois, j’ai compris que ce film était devenu une sorte de fossile – quelque chose qui a existé mais qui a maintenant disparu, laissant quelques traces derrière lui. En tant qu’artiste, je pouvais repenser le film, comme un paléontologiste reconstruit des créatures à partir de l’information qu’il détient d’eux.
On pourrait penser que tous les films narratifs sont à peu de choses près identiques depuis 1906, reposant sur un modèle d’intrigue standardisé qui est devenu un langage en soi, spectre à partir duquel nous lisons toutes les images en mouvement. Dans Just One Kiss-The Fall of Ned Kelly, j’essaie de faire appel à nos facultés d’interprétations pour contruire une méta-histoire à partir d’images de found-footage non reliées les unes aux autres.
Just One Kiss-The Fall of Ned Kelly est accompagné d’une musique jouée en live – une collaboration différente à chaque projection. Après chacune d’entre elle, une scène est rajoutée à la copie 35mm de 4000 pieds, une manière de suivre à la trace le film des frères Taits. Au fur et à mesure, le film se diversifie et devient plus en plus épique. Le film ne connait pas de version définitive mais il est plutôt une série de projections avec différentes interprétations, et une narration sans fin…
Sami van Ingen
La projection sera accompagnée par les musiciens Jérôme Noetinger et Erik Minkkinen avec un dispositif sonore conçu par Tommi Keränen.
lieu |
Institut Finlandais 60 Rue des Ecoles (Métro Cluny - La Sorbonne) 75005 Paris France |
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lightcone@lightcone.org | |
tarifs | tarif unique : 6.00 € |