Une programmation de Jeanne Vellard et Emmanuel Lefrant (Light Cone)
Si les cinéastes de la collection de Light Cone viennent du monde entier, ils sont cependant majoritairement situés aux alentours des principaux foyers de production de cinéma expérimental que sont historiquement l'Amérique du Nord, l'Autriche, l'Allemagne et la France. C'est aussi le cas de cette nouvelle génération d'artistes que nous présentons à l'occasion de l'exposition au BAL dédiée à la jeune création photographique.
La plupart d'entre eux ne sont pas seulement cinéastes, ils sont aussi « plasticiens », souvent représentés par une galerie. A l'époque du « tout numérique », où la grande majorité des salles de cinéma ne projette plus en pellicule, on note un renouveau de l'intérêt porté par les plasticiens au cinéma, et en particulier à la pellicule (à l'exception de Jacques Perconte, qui travaille spécifiquement sur le médium vidéo et notamment les questions de la compression et la décompression). Ces artistes renouent ainsi avec la tradition, souvent pour des raisons formelles ou esthétiques (les qualités granulaires du médium, l'entraînement mécanique du projecteur, etc.). Dans les années 50 puis surtout dans les années 60, les plasticiens investissent le champ du cinéma expérimental, ce qui n’est pas sans rappeler ce qui s’était déroulé dans les années 20, principalement en Europe, avec Fernand Léger, Hans Richter, Viking Eggeling, Man Ray ou Marcel Duchamp. Une tendance - où les pratiques se croisent et se nourrissent les unes les autres - inaugurée par le mouvement lettrisme puis par Fluxus et suivi de près par d’autres (Christian Boltanski, Raymond Hains, Jacques Monory, etc.), qui trouve ainsi des prolongements dans les pratiques expérimentales contemporaines.
Au début des années 80, le cinéma expérimental connaît un tournant. Les films, jusque-là réservés au sanctuaire de la salle de cinéma en sortent progressivement et rejoignent les espaces muséaux puisque musées et galeries commencent à s’intéresser aux artistes qui exercent une pratique filmique. D’un médium utilisé massivement par une industrie, l’argentique devient désormais un support de création délibérément choisi par un certain nombre de plasticiens qui mènent avec ce support des recherches spécifiques (Stan Douglas, Tacita Dean, Rodney Graham, etc).
Si la plupart des artistes présentés ici développent une pratique transversale qui les mène vers les champs de la photographie, de l'installation, de la vidéo et de la performance, tous – contrairement aux premiers plasticiens qui se sont essayés au cinéma – ne l'envisagent pas uniquement selon ses caractéristiques plastiques fondamentales. Chez Laida Lertxundi notamment, on décèle un intérêt pour les dimensions fictionnelles du cinéma, chez Peter Miller, ses caractéristiques phénoménologiques, chez Maria Kourkouta, sa dimension poétique, chez Ben Russell, on comprend comment le cinéma, en tant que moyen d’expression du réel, a toute son importance.
THE ROOM CALLED HEAVEN
de Laida LERTXUNDI 2012 / 16mm / couleur / sonore / 11' 00 |
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ERRATA
de Alexander STEWART 2005 / 16mm / couleur / sonore / 6' 30 |
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RETOUR À LA RUE D'ÉOLE
Six peintures populaires de Maria KOURKOUTA 2012-2013 / 16mm / n&b / sonore / 14' 14 |
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FALSE FRIENDS
de Sylvia SCHEDELBAUER 2007 / Vidéo / n&b / sonore / 4' 50 |
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CHUVA (MADEIRA)
de Jacques PERCONTE 2012 / Vidéo / couleur / sonore / 8' 06 |
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BLACK AND WHITE TRYPPS NUMBER THREE
de Ben RUSSELL 2007 / 35mm / couleur / sonore / 11' 30 |
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MIRROR MECHANICS
de Siegfried Alexander FRUHAUF 2005 / 35mm / n&b / sonore / 7' 30 |
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TEN MINUTIAE
de Peter MILLER 2012 / 35mm / n&b / silencieux / 5' 00 |
lieu |
CInéma des Cinéastes 7, avenue de Clichy 75017 Paris France |
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lightcone@lightcone.org |