Dans le cadre de l’exposition Ponte City, et à partir de quelques-uns des axes soulevés par le travail de M. Subotzky et de P. Waterhouse, Light Cone propose ce cycle de films qui a pour ambition de prolonger le regard des artistes exposés au BAL.
Les grands ensembles répondaient initialement à une nécessité démographique, voire à un idéal de vie en société, mais progressivement démolis ou réhabilités, ils ont fait l'objet de nombreuses remises en question. Le cinéma et les artistes contemporains ont souvent exploré ces espaces, à la fois fascinants et effrayants, où le beau et le laid se côtoient, où toutes les problématiques sociales se croisent. Les films des deux premières séances de ce cycle - mêlant cinéma expérimental, cinéma documentaire et films d'artistes - rendront compte des ces diverses tentatives. Les cinéastes abordent tour à tour la question sous un angle formel - où une fascination, presque poétique, s'exerce sur ces lieux inachevés, vacants ou abandonnés - puis traitent de ces utopies manquées et des problèmes sociaux qui en découlent, parfois avec humour, allant parfois jusqu'à raconter les fictions qui animent ces lieux.
En réalisant leur série de photographies consacrées à cette architecture fantomatique, Subotzky et Waterhouse se sont parallèlement intéressés aux images que cette tour de Babel moderne avait pu laisser dans son sillon. Des images extra-muros, en collectant toutes les représentations du bâtiment sur différents supports (timbres, carte postales, photographies, etc.) et intra-muros, en conservant les photographies personnelles et anonymes glanées dans les appartements abandonnés et oubliées par les locataires. Cette fascination mémorielle pour ce « cela a été là » selon l'expression de Roland Barthes, trouve écho dans les films du dernier programme de ce cycle.
Englouti par la densité du brouillard, le paysage urbain de Suburbs of the Void de Thomas Koner témoigne d'une présence humaine quasiment inexistante, parfaitement rendu par le regard glacial d'une caméra de surveillance qui plonge le spectateur dans un univers fantomatique et intemporel. Le film de Mark Lewis, dans un long travelling dans les dédales des passerelles et autres chemins bétonnés de ces ensembles, relate lui aussi de l'inhumanité de ces espaces.
Avec Block B, Chris Chong Chan Fui laisse en revanche entrevoir des tranches de vie. La notion d'identité communautaire se retrouve également dans Emergency Light System de Bertille Bak, où des habitants d'une barre moderniste promise à la démolition manifestent en interprétant un chant révolutionnaire muet, émis par les lumières de lampes de poche.Tout comme Marc Isaac qui, dans son film Lift, ne s'intéresse pas à la structure même mais aux individus qui l'habitent ; il nous mène ainsi au cœur des grands ensembles, en dressant le portrait de ses habitants.
SUBURBS OF THE VOID
de Thomas KÖNER 2004 / Vidéo / couleur / sonore / 13' 00 |
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CHILDREN'S GAMES, HEYGATE ESTATE
de Mark LEWIS 2002 / Vidéo / couleur / silencieux / 7' 30 |
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BLOCK B
de Chris CHONG CHAN FUI 2008 / 35mm / couleur / sonore / 20' 00 |
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LIFT
de Marc ISAACS 2001 / Vidéo / couleur / sonore / 22' 00 |
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SAFEGUARD EMERGENCY LIGHT SYSTEM
de Bertille BAK 2010 / Vidéo / couleur / sonore / 7' 00 |
lieu |
Cinéma des Cinéastes 7, avenue de Clichy 75017 Paris France |
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lightcone@lightcone.org | |
lien en relation |
le-bal.fr
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tarifs |
tarif réduit : 7.00 € plein tarif : 9.00 € |