Empruntée au lexique du cinéma commercial, en particulier le cinéma de fiction, la locution « regard caméra » désigne le croisement du regard d'un personnage filmé avec l'axe optique de l'appareil de prises de vues. Le procédé est cependant beaucoup plus ancien puisque dès l'Antiquité on trouve de nombreux tableaux où le sujet représenté fixe du regard le spectateur pour l'interpeller ou pour, par exemple, témoigner de son autorité. Traditionnellement proscrit au cinéma, ce croisement, s'il est involontaire, est alors considéré comme une faute de jeu et on se doit de faire une nouvelle prise de ce plan.
Exploité volontairement par de nombreux cinéastes de fiction (Bergman, Kubrick, Godard, etc.) souvent pour produire un effet de distanciation, ce dispositif a été exploré à de nombreuses reprises par les cinéastes expérimentaux, non plus pour briser l'illusion diégétique ou prendre à témoin le spectateur, mais pour inventer un nouveau type de regard et créer des rapports inédits entre l'œuvre et le public. Il ne s'agit plus alors d'une règle qui sera brisée pendant un bref moment de rupture alors que le film va rapidement reprendre son cours narratif, mais plutôt d'un geste qui se situe au cœur de l'œuvre, comme chez Stephen Dwoskin, cinéaste du regard caméra par excellence, où l'adresse directe du sujet à l’objectif se retrouve dans nombre de ses films (pour signifier la peur, le désir, l'épuisement...). D'autres cinéastes questionnent l'aspect intrusif de la caméra à travers l'usage du regard volé (Arne Körner), comme chez Mike Hoolboom (regard fuyant) ou Georges Rey (regard animal) - des variations singulières qui poussent le dispositif à ses limites. Enfin, chez Gisèle Rapp-Meichler, le regard est multiplié et divergeant, en écho aux sonorités vertigineuses du poète Ghérasim Luca, alors que chez Björn Kämmerer, le spectateur est littéralement pris pour cible.
SCRAPBOOK
de Mike HOOLBOOM 2015 / DCP / n&b / sonore / 18' 00 |
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TRIGGER
de Björn KÄMMERER 2014 / 35mm / couleur / silencieux / 2' 00 |
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NE DOMINEZ PAS VOS PASSIONS
de Gisèle RAPP-MEICHLER 2019 / DCP / couleur / sonore / 6' 50 |
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LA VACHE QUI RUMINE
de Georges REY 1969 / 16mm / n&b / silencieux / 3' 00 |
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A7
de Arne KÖRNER 2010 / DCP / couleur / sonore / 3' 00 |
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TRIXI
de Stephen DWOSKIN 1969 / 16mm / couleur / sonore / 30' 00 |
lieu |
Luminor Hôtel de Ville 20 rue du Temple 75004 Paris France |
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métro | Hôtel de Ville (lignes 1 & 11) / Châtelet (lignes 1, 4, 7, 11 & 14) / Les Halles (RER A, B & D) |
tel | +33 (0)1 46 59 01 53 |
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tarifs |
plein tarif : 9.50 € tarif réduit : 7.50 € tarif CIP : 5.00 € carte Luminor 5 entrées : 31.00 € carte Luminor 10 entrées : 54.00 € cartes acceptées : CIP, UGC Illimité, CinéPass, CICAE, CNC, Europa Cinéma, SACEM, Presse, carte permanente Luminor |