« Lors de ma troisième visite à la Havane, initialement prévue pour filmer de façon expérimentale la construction d'une sculpture dans l'espace publique, je me suis retrouvée à marcher en attendant. J'attendais de savoir, avec les artistes principaux, si la réalisation de l'œuvre aurait lieu, alors que certaines autorisations étaient en attente. L'incertitude et mon temps limité sur place (un peu plus d'un mois), ont découplé les œuvres. Je me suis retrouvée à marcher, à revisiter, mais aussi à filmer. Filmant beaucoup le voisinage de l'endroit où j'habitais : El Vedado - Calle 9, entre L et J, Parque de los suspiros... Des numéros et des lettres qui montent et descendent, se cogner et faire demi-tour au Malecon, à la rivière Alemendares ou au Zapata. Mon propre gribouillage du quartier. Refaire chaque chemin, chaque fois avec un nouveau jeu... Demandant à enregistrer une course, un jeu de domino, une danse composée de gestes locaux qu'un ami m'a appris. Des chemins qui se dédoublent avec des visages, des lieux, des arbres, des chats qui commencent à devenir familiers. Redoubler ces chemins avec mes propres souvenirs d'avoir été là, enfant, adolescente... Coppelia encore et encore, manger une glace, s'asseoir dans le parc, maintenant avec le wifi. C'est un film de La Havane et ce n'en est pas un ; d'une certaine manière, cela peut ou non être un film de La Havane, de la même manière qu'une promenade est et n'est pas une simple marche. »
La pratique artistique et cinématographique de Manuela de Laborde médite sur la matérialité des choses jusqu'à leur possible virtualité et se compose d'œuvres minimalistes inspirées par une simplicité d'expression, une économie des propositions et les lieux d'exposition. En 2021, Laborde a eu sa première retrospective à la DocumentaMadrid, après avoir effectué plusieurs résidences : au Musée Tamayo pour son projet éducatif -ito/-ita, au LIFT (Link of Independant Filmmakers in Toronto) au Canada ainsi qu'à l'International Kurzfilmtage d'Oberhausen - Conditional Cinema Program (2018-2022) pour lequel elle a produit son film Ficciones, récemment présenté au New York Film Festival (NYFF) et au BFI London Film Festival. Son filme de thèse AS WITHOUT SO WITHIN a été sélectionné par plus de 20 festivals comme MoMA + FSLC, le Festival d'art contemporain 20th Sesc_ Videobrasil, le festival international du film de Toronto et le festival international du film de Rotterdam. En 2019 elle a présenté, avec Jenny Berger Myrhe, la pièce Notes and notes and notes... à Casa de Lago, CDMX, et au Borealis Festival for Experimental Music.
Manuela de Laborde a étudié la tapisserie/Intermedia à l'Edinburgh College of Art et a obtenu un MFA en film et vidéo au California Institute of the Arts. Entre ses études, elle a fait une exposition en solo « Maquettes » au Generator Projects de Dundee (Écosse).
lieu |
Atelier 105 157 rue de Crimée 75019 Paris France |
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tel | +33 (0)1 46 59 01 53 |
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