by Jean COCTEAU
1930 / b&w / sound / 1S / 55' 00 |
Quand j'ai fait LE SANG D'UN POETE, je ne me doutais pas que c'était du cinéma. C'était un moyen pour moi de faire de la poésie plastique, et je n'ai jamais pensé que ce film passerait nulle part.
Je n'ai été totalement libre que dans Le sang d'un poète parce que c'était une commande privée (du vicomte de Noailles, comme L'âge d'or de Buñuel) et que j'ignorais tout de l'art cinématographique. Je l'inventais pour mon propre compte et l'employais comme un dessinateur qui tremperait son doigt pour la première fois dans l'encre de Chine et tacherait une feuille avec. Charles de Noailles m'avait commandé un dessin animé. Je me suis vite rendu compte que le dessin animé exige une technique et une équipe encore inconnues en France. Je lui proposai donc de faire un film aussi libre qu'un dessin animé, en choisissant des visages et des lieux qui correspondissent à la liberté où se trouve un dessinateur inventant un monde qui lui est propre. Je peux même dire que le hasard, ou du moins ce qu'on nomme le hasard (et qui ne l'est jamais pour ceux qui s'hypnotisent sur un travail), m'a souvent rendu service. Sans oublier les brimades du studio où l'on me croyait fou, brimades dont je vous donnerai un exemple. Je terminai Le sang d'un poète. On ordonna aux balayeurs de nettoyer le studio pendant nos dernières prises de vues. Comme j'allais m'en plaindre, mon opérateur (Perinal) me pria de n'en rien faire. Il venait de se rendre compte que la beauté des images naîtrait de la lumière des lampes à arc à travers la poussière soulevée par les balayeurs.
«LE SANG D'UN POÈTE, premier film de Jean Cocteau, établit la transition entre le cinéma d'avant-garde fait à Paris et celui qui sera dominé par les cinéastes américains. De toutes les oeuvres du cinéma indépendant européen, c'est ce film qui a exercé l'influence la plus considérable sur ceux qui ont voulu faire revivre le cinéma d'avant-garde vers la fin de la seconde guerre mondiale.
«L'Hôtel des Folies Dramatiques» que le poète explore après avoir franchi le seuil du miroir, consiste en une série de chambres, accessibles au regard uniquement par le trou de la serrure. Chacune illustre un principe d'illusion cinématographique, avec un peu de l'exubérance naïve des films de Méliès que Cocteau a dû voir dans son enfance. Le Mexicain assassiné est ressuscité en marche arrière, l'angle de la caméra nous permet de voir une jeune fille s'accrochant aux murs du plafond ; enfin, un hermaphrodite est construit à base de chair, de lignes dessinées et d'un rotorelief dans le style de Duchamp ; de ce fait, il ne s'agit pas seulement d'une fusion illusoire de caractères masculins et féminins, mais aussi d'une figure synthétisée à partir des arts mêmes qui contribuent à la représentation cinématographique.» P. Adams Sitney.
distribution format | 16mm |
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screen | 1,37 - Standard (single screen) |
speed | 24 fps |
sound | optical sound |
original language | French |
rental fee | 337,00 € |