Dans le cadre de l’exposition Ponte City, et à partir de quelques-uns des axes soulevés par le travail de M. Subotzky et de P. Waterhouse, Light Cone propose ce cycle de films qui a pour ambition de prolonger le regard des artistes exposés au BAL.
Les grands ensembles répondaient initialement à une nécessité démographique, voire à un idéal de vie en société, mais progressivement démolis ou réhabilités, ils ont fait l'objet de nombreuses remises en question. Le cinéma et les artistes contemporains ont souvent exploré ces espaces, à la fois fascinants et effrayants, où le beau et le laid se côtoient, où toutes les problématiques sociales se croisent. Les films des deux premières séances de ce cycle - mêlant cinéma expérimental, cinéma documentaire et films d'artistes - rendront compte des ces diverses tentatives. Les cinéastes abordent tour à tour la question sous un angle formel - où une fascination, presque poétique, s'exerce sur ces lieux inachevés, vacants ou abandonnés - puis traitent de ces utopies manquées et des problèmes sociaux qui en découlent, parfois avec humour, allant parfois jusqu'à raconter les fictions qui animent ces lieux.
En réalisant leur série de photographies consacrées à cette architecture fantomatique, Subotzky et Waterhouse se sont parallèlement intéressés aux images que cette tour de Babel moderne avait pu laisser dans son sillon. Des images extra-muros, en collectant toutes les représentations du bâtiment sur différents supports (timbres, carte postales, photographies, etc.) et intra-muros, en conservant les photographies personnelles et anonymes glanées dans les appartements abandonnés et oubliées par les locataires. Cette fascination mémorielle pour ce « cela a été là » selon l'expression de Roland Barthes, trouve écho dans les films du dernier programme de ce cycle.
La mémoire d'un lieu se construit aussi au travers des traces que ses habitants y ont laissées. Dans Ghosts and Gravel Road, Mike Rollo filme un village abandonné de la province du Saskatchewan, située dans la région des grandes plaines de l’ouest du Canada. Il établit un lien touchant entre ces bâtiments désertés et les photos placardées des anciens occupants que l’on découvre après une déambulation au milieu de ces lieux vides de vie. Maki Sataké quant à elle utilise de manière unique et obsessionnelle un seul matériau, les archives familiales, en réunissant les différents médiums à sa disposition (photographies, cassettes audio, bandes vidéos…). A travers un lancinant voyage dans le temps elle juxtapose des éléments du passé à ceux du présent. Vestige of Life dresse ainsi un bouleversant portrait de sa grand-mère à l’aide de vieilles bandes vidéo dont elle tire des photos.
Pour conclure, une parabole pour évoquer la fragilité de la mémoire et de la nostalgie qui lui est liée. Figure majeure du cinéma structurel américain, au côté de Michael Snow (qui lit le texte dans le film), Hollis Frampton s’est très tôt intéressé à la photographie et aux relations qu’entretient ce médium avec l’image en mouvement. Photographe, théoricien du cinéma, il réalise aussi plusieurs films conceptuels et notamment une série de 7 films intitulée Hapax Legomena. Nostalgia est le premier corpus de cette série.
GHOSTS AND GRAVEL ROADS
de Mike ROLLO 2008 / Vidéo / couleur / sonore / 15' 45 |
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VESTIGE OF LIFE
de Maki SATAKE 2008-2009 / Vidéo / couleur / sonore / 12' 00 |
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NOSTALGIA
(Hapax Legomena I) de Hollis FRAMPTON 1971 / 16mm / n&b / sonore / 36' 07 |
lieu |
Cinéma des Cinéastes 7, avenue de Clichy 75017 Paris France |
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lightcone@lightcone.org | |
tarifs |
tarif réduit : 7.00 € plein tarif : 9.00 € |