DEC
24
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KINO XENIX
Zurich, Suisse |
site internet | |
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11
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LAV (Laboratorio Audiovisual)
Madrid, Espagne |
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JAN
12
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Los Angeles Filmforum
Los Angeles, États-Unis |
site internet | |
JAN
12
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ZoneBis
Lyon, France |
JAN
14
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Hochschule für Musik Freiburg
Fribourg, Allemagne |
Une programmation de Christophe Bichon et Emmanuel Lefrant (Light Cone).
La photographie de Mark Cohen – instinctive, compulsive, souvent intrusive – crée une atmosphère intrigante, voire dérangeante. Images volées, corps fragmentés, un sens déroutant de la nature morte, au plus loin des clichés romantiques.
La technique de prise de vue de Mark Cohen, appareil "au poing", arpentant les rues à la recherche de sujets, rappelle, dans son immédiateté, le cinéma direct né en Amérique du Nord à la fin des années 50 (les cinéastes de l'Office national du film du Canada, D.A. Pennebaker, Frédérick Wiseman, etc.). Mais, contrairement à ces auteurs, sa photographie n'est en rien documentaire et révèle davantage une violence visuelle qui n'existe nulle part ailleurs, un sens de l'urgence inédit. Dans le champ du cinéma expérimental, la légèreté du dispositif (une simple caméra et un flash) et l'absence a priori de sujet prédéterminé (celui-ci se construit au fil des rencontres) évoque le cinéma de Jonas Mekas et la manière dont il a bâti l'ensemble de ses journaux filmés. Mais on ne retrouve pas chez l'auteur de Lost Lost Lost la même énergie ni la même brutalité. Et Mekas va s'efforcer de construire une certaine forme de dramaturgie, absente chez Cohen.
Les deux séances proposées ici s'attacheront à comprendre le mode opératoire du photographe américain, à travers le concept formel de la fragmentation, et le fil conducteur qui traverse son œuvre : quelle Amérique est ici photographiée ?
La technique de prise de vue spontanée de Mark Cohen, en plan le plus souvent serré, au plus près de ses sujets, induit un cadrage qui intègre volontairement l'accidentel au dispositif photographique. Les cadres larges sont rares : les corps sont le plus souvent tronqués et les visages hors champs. C'est par ce geste semi contrôlé - si immédiat qu'il rend la précision absolue impossible - que le photographe fragmente ses sujets. D'un point de vue formel, le motif du fragment, entendu comme une fraction de quelque chose, est au coeur de son œuvre.
Dans Pair Of de Volker Schreiner, le cinéaste de found-footage allemand compile des extraits de films, pour la plupart hollywoodiens, et fragmente ainsi les œuvres originales pour aller chercher dans chaque plan, le détail qui illustrera son propos (le double, la paire). Dans Prelude 6 de Maria Kourkouta, film d'animation fabriqué à partir de photos prises à New York, la cinéaste rend le mouvement à ces images fixes cadrées serrées sur les pieds des passants, et traduit ainsi l'agitation de la métropole. Avec Mary Helena Clark et The Plant, une stratégie d'un autre ordre est à l’oeuvre. La cinéaste ouvre des voies narratives qui se referment aussitôt : on suit un homme qui disparaît soudainement du film, puis notre regard se détourne vers un bâtiment à l'architecture spectaculaire, le film bascule entre la couleur et le noir et blanc sans que l'on puisse en saisir le sens. C'est la nature même du propos qui est trouble, intrigante, brouillant la lecture. Chez Gunter Deller (Schattengrenze), Tomonari Nishikawa (Market Street) ou encore Aldo Tambellini (Black Plus X) on retrouve ce sens du détail et ce goût de l'échantillon, tout en partageant avec Mark Cohen le même terrain d'investigation : les lieux publics, la rue.
Avec Ptkho, la cinéaste d'origine kurde Mahine Rouhi, à la manière du photographe, fragmente le corps (animal cette fois), si morcelé qu'il en devient à peine reconnaissable. La séance se clôture avec l'un des tous derniers opus de Nathaniel Dorsky, Song, qui même s'il dégage un lyrisme qu'on ne retrouve pas dans les clichés de Mark Cohen, de nature plus violente, partage avec ce dernier un certain sens du beau. Même les objets les plus usuels apparaissent isolés et dégagent quelque chose de mystérieux ; tout ce qui existe semble posséder une identité, une apparence, une réalité qui lui est propre.
PAIR OF
de Volker SCHREINER 2011 / Vidéo / n&b / sonore / 4' 38 |
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PRELUDE 06
de Maria KOURKOUTA 2009 / Vidéo / n&b / sonore / 1' 47 |
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THE PLANT
de Mary Helena CLARK 2012 / Vidéo / coul-n&b / sonore / 8' 00 |
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SCHATTENGRENZE
de Gunter DELLER 1999 / 16mm / n&b / sonore / 9' 20 |
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MARKET STREET
de Tomonari NISHIKAWA 2005 / 16mm / n&b / silencieux / 5' 00 |
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BLACK PLUS X
de Aldo TAMBELLINI 1966 / 16mm / n&b / sonore / 9' 00 |
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PTKHO
de Mahine ROUHI 2001 / 16mm / n&b / sonore / 7' 00 |
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SONG
de Nathaniel DORSKY 2013 / 16mm / couleur / silencieux / 18' 30 |
lieu |
Cinéma des Cinéastes 7, avenue de Clichy 75017 Paris France |
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tarifs |
tarif réduit : 7.00 € plein tarif : 9.00 € |