by Michel NEDJAR
1978 / Super 8mm / color / sound / 1S / 20' 00 |
Avec Gaël Badaud.
« Ce film est le plus "plastique", le plus "actionniste" de Nedjar : c'est son In contextus ou son Double Labyrinthe. Sauf qu'ici - un seul acteur filmé en gros plan ou en plan américain sur fond noir - ce serait plus "Simple Labyrinthe". Sauf qu'ici, en outre, le lièvre bondit, invente : souvenir de Brakhage ou désir très personnel de libérer plus d'énergie, Nedjar fait "gigoter" sa caméra, comme du Mekas et, avec Gaël Badaud déroulant une bande velpeau, manipulant un filet vert ou un miroir, portant un masque à gaz ou se couvrant la tête d'un tricot de peau rouge comme d'une cagoule sanglante, il inaugure une recherche de calligraphies lumineuses tressautantes que va bientôt partager avec brio Téo Hernandez. Autre innovation : le son. Avec des sons concrets de la vie urbaine, en particulier des bruits de jeux électroniques, Nedjar confectionne une bande sonore abstraite, coupée de silence correspondant parfois aux moments de noir qui ponctuent le film. » – Dominique Noguez
« GESTUEL a été inspiré par l’œuvre picturale de Francis Bacon et ses déformations de visages et de corps, observés dans une exposition qui s’était tenue à Paris. Nedjar filme son sujet d’une seule main, l’œil collé à l’œilleton, puis ensuite sans plus regarder dans le viseur, pour se libérer totalement des contraintes que le rapport entre son propre corps et la machine induit ; c’est l’élaboration de ce que j’ai envie d’appeler le "Ned filmage" : la caméra balaie le sujet, accélère, tourne autour vite, comme l’exprimait Marcel Duchamp pour le Nu, afin que le résultat échappe à l’"image moyenne en mouvement" décrite par Deleuze : chaque image est non seulement différente de la précédente, mais chacune séparément est floue et souvent "filée". Nedjar comparera alors sa caméra au tomahawk des Indiens d’Amérique, signifiant que sa manière de filmer s’apparentait à une découpe : des propos rapportés par Teo Hernández dans ses carnets comme conseils que lui donnait Nedjar après l’expérience de GESTUEL : "Bouge et coupe. Bouge et coupe sans arrêt ; [...] Bouge et coupe ; bouge et coupe sans arrêt. Non plus de coupe mais découpe, découpe sans arrêt. Déchire, file, tu es libre !" GESTUEL a été tourné quasiment en continu, sans coupes, et pratiquement sans montage ultérieur des images. La gestualité paroxystique du "Ned filmage" se substitue aux besoins du montage, une procédure qu’il ne maîtrise pas, et qui lui imposait de faire appel à son ami Hernández. La découpe avec l’œil d’une caméra tenue à bout de bras s’avère une alternative à la coupe cinématographique au moment du montage. Deleuze évoque les limites de l’œil et de la caméra, que le ciné-œil, la théorie de Dziga Vertov, a dépassées: "la mise en corrélation de deux images lointaines (incommensurables du point de vue de notre perception humaine) résulte d’un œil non-humain". La vision est alors extérieure au corps et à ses limites, pour, selon Deleuze, un œil situé dans la matière. » – Jean-Michel Bouhours (« Michel Nedjar. Filiations », Chamarande, Département de l'Essonne/Lienart Éditions, 2021)
L’ensemble de films de Michel Nedjar est disponible au MNAM/CCI Centre Pompidou.
distribution format | Super 8mm |
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screen | 1,37 - Standard (single screen) |
speed | 18 fps |
sound | magnetic sound |
rental fee | 67,00 € |
distribution format | Digital file on USB stick (FHD) |
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screen | 1,37 - Standard (single screen) |
speed | 24 fps |
sound | sound |
rental fee | 67,00 € |