- Images (1)
- Liens (3)
- Agenda (0)
©
Portrait©Georges Rey/Cinédoc 2001
|
|
©
Portrait©Georges Rey/Cinédoc 2001
|
Ce n'est pas tous les jours qu'on se sent troublé devant une vache qui rumine à l'écran durant trois minutes. En l'occurrence, il s'agit d'un film de Georges Rey, qui explora la radicalité du plan fixe un bon nombre de fois à partir de 1969. La durée de ces films était définie par celle d'une bobine 16 mm - un peu moins de 3 minutes - et dans cet intervalle, l'intervention du cinéaste était la plus minime possible.
Comment expliquer l'attention hypnotique qui s'instaure devant une vache presque immobile, ou un filet d'eau qui palpite, ou encore une jeune fille dont le visage se tourne soudain face caméra ? A travers ces films courts, sans montage, c'est une perturbation de nos habitudes que nous devons d'abord affronter : se passer de l'appui narratif d'un scenario, gérer les errements de notre regard, chercher le véritable sujet du film. Sans doute aussi ces films laconiques nous conduisent-ils à toucher à des vérités latentes : découvrir la vie à travers l'écoulement continu d'une énergie, ressentir le cinéma comme une rencontre, nous dessaisir de notre vision première pour trouver un contenu caché. L'intensité qui traverse ces films ne passe pas par l'action, mais elle est si forte qu'elle assurera un succès à la vache du Mont Gerbier de Jonc de Paris jusqu'à New York.
« Je souhaite que tous mes films aient une valeur de « première fois », sans aucune référence à d'autres films ». Sur la base de cette plateforme énoncée dès 1968, Georges Rey diversifie ses manières de filmer, restant toujours proche d'un certain cinéma expérimental dont il connaît l'effervescente variété. Il explore moins le côté plastique auquel on associe l'expérimental, que l'autre versant, celui qui déconstruit le récit, le fragmente, et qu'il exaltera particulièrement dans ses relations avec la scène punk des années 80. Toujours vissée au réel, sa caméra sera tirée vers une écriture plus mouvante et subjective (Une soirée avec Marie et les garçons, Répétition, Punk ? ) pratiquant alors les ruptures de champ, les syncopes du son, les plans serrés, moins pour documenter des moments off ou des concerts que pour capturer ces flux impalpables, résultant d'une synchronie entre liberté et création.
Les limites du médium filmique sont toujours recherchées par Georges Rey, notamment dans «L'amour la plus grande imposture de tous les temps » (1975-78), moyen-métrage qu'il tourne sans cadrer, caméra à la poitrine. Sa quête cinématographique se poursuivra auprès d'autres artistes, qu'il filme toujours à sa manière, à la fois distante et attentive, transférant à travers le temps les questionnements des artistes qui débutent dans les années 1990 : Philippe Parreno, avec lequel il fera un film performatif (No more reality), Philippe Bazin, Pierre Joseph (« Les enfants gâtés de l'art ») ou Ange Leccia.
Au nombre des expériences conduites par Georges Rey, on doit mentionner le magnifique « Regards caméra » (2015) tourné dans un tramway à Nice, et dont le sujet est aussi évanescent qu'élégiaque.
Mais l'engagement de Georges Rey pour le cinéma s'est exprimé aussi dans la diffusion, et cela dès ses débuts.
Saisissant l'enjeu éducatif du cinéma, qui n'est encore porté ni par l'éducation nationale ni par les politiques culturelles, il forme des animateurs de ciné-club (1968-1972). A partir de 1975, il se démultiplie sur la scène lyonnaise pour montrer du cinéma expérimental : cofondateur de deux salles (le Cinéma, puis le Cinéma opéra) il sera aussi programmateur hebdomadaire dans l'unique centre d'art contemporain lyonnais des années 70-80 (l'ELAC) et d'un ciné-club à l'Ecole des beaux arts de Lyon. Il sera co-commissaire de la 3e biennale d'art contemporain de Lyon (1995) et enseignera le cinéma dans les écoles supérieures d'art de Grenoble, Lyon, Chalon S/Saône jusqu'aux années 2010.
L'éloignement volontaire des lourdeurs du cinéma, de ses dispositifs financiers, des clichés de la narration ont offert à ce cinéaste un cheminement artistique exemplaire de liberté.
Françoise Lonardoni
|
REGARDS CAMÉRA
2015 / couleur / sonore / simple écran / 6' 08 / 42 € distribution : DCP sur serveur ou Fichier sur serveur |
|
TROMBE
2014 / HD / couleur / sonore / simple écran / 1' 58 / 18 € distribution : DCP sur serveur ou Fichier sur serveur |
|
LES ENFANTS GATES DE L'ART
1991 / U-Matic / couleur / sonore / simple écran / 45' 00 / 89 € distribution : DCP sur clé USB ou Fichier sur serveur |
|
NO MORE REALITY
1991 / U-Matic / couleur / sonore / simple écran / 38' 00 / 79 € distribution : DCP sur clé USB ou Fichier sur serveur |
|
NOUVELLES IMPRESSIONS DE STRASBOURG
1988 / sonore / simple écran / 58' 00 / 79 € distribution : Fichier sur serveur |
|
JEAN-PAUL FARGIER VIDÉO
1986 / couleur / sonore / simple écran / 6' 20 / 24 € distribution : DCP sur serveur ou Fichier sur serveur |
|
CANARDS
1983 / 16mm / couleur / silencieux / simple écran / 5' 25 / 34 € distribution : DCP sur serveur ou Fichier sur serveur |
|
FUMÉE
1982 / 16mm / couleur / silencieux / simple écran / 2' 45 / 21 € distribution : 16mm ou DCP sur serveur ou Fichier sur serveur |
|
FLEURS
1979 / 16mm / couleur / silencieux / simple écran / 12' 00 / 41 € distribution : 16mm ou DCP sur serveur ou Fichier sur serveur |
|
MICROFILM
1979 / 16mm / couleur / sonore / simple écran / 6' 00 / 28 € distribution : 16mm ou DCP sur serveur ou Fichier sur serveur |
|
MARIE ET LES GARÇONS FOURVIÈRE 1998
1978 / DVCAM / couleur / sonore / simple écran / 3' 30 / 28 € distribution : DCP sur serveur ou Fichier sur serveur |
|
TRIPTYQUE
1978 / 16mm / couleur / sonore / simple écran / 7' 58 / 40 € distribution : DCP sur serveur ou Fichier sur serveur |
|
PUNK ?
1977 / couleur / sonore / simple écran / 16' 17 / 69 € distribution : DCP sur serveur ou Fichier sur serveur |
|
LES RONDS DANS L'EAU
1974 / 16mm / couleur / sonore / simple écran / 3' 00 / 25 € distribution : DCP sur serveur ou Fichier sur serveur |
|
PORTRAIT
1973 / 16mm / n&b / silencieux / simple écran / 3' 00 / 24 € distribution : 16mm ou DCP sur serveur ou Fichier sur serveur |
|
L'HOMME NU
1969 / 16mm / n&b / silencieux / simple écran / 3' 00 / 24 € distribution : 16mm ou DCP sur serveur ou Fichier sur serveur |
|
LA SOURCE DE LA LOIRE
1969 / 16mm / n&b / silencieux / simple écran / 3' 00 / 24 € distribution : 16mm ou DCP sur serveur ou Fichier sur serveur |
|
LA VACHE QUI RUMINE
1969 / 16mm / n&b / silencieux / simple écran / 3' 00 / 24 € distribution : 16mm ou DCP sur serveur ou Fichier sur serveur |